Muscles de la loge antérieure

Les quatre muscles de la loge antérieure de la jambe sont le tibial antérieur (m. jambier antérieur), le long extenseur des orteils (m. extenseur commun des orteils), le long extenseur de l'hallux (m. extenseur propre du gros orteil) et le troisième fibulaire (m. péronier antérieur). Ces muscles s'insèrent et passent en avant de l'axe transversal de l'articulation de la cheville (talo-crurale) et sont donc des fléchisseurs dorsaux de cette articulation ; ils soulèvent l'avantpied et abaissent le talon. Les longs extenseurs passent sur la face dorsale des orteils et s'y insèrent ; ce sont donc des extenseurs (élévateurs) des orteils.

Bien qu'elle soit un mouvement relativement faible et de peu d'amplitude - seulement un quart de la puissance de la flexion plantaire (Soderberg, 1986), et une amplitude d'environ 20° par rapport à la position neutre - la flexion dorsale joue un rôle actif pendant la phase oscillante de la marche, lorsque la contraction concentrique des fléchisseurs dorsaux maintient l'avant-pied soulevé pour qu'il n'accroche pas le sol lorsque le membre oscillant est propulsé vers l'avant ; au cours de la phase d'appui, ces muscles contrôlent également par une contraction excentrique l'abaissement de l'avant-pied vers le sol consécutif au choc du talon. Cette dernière fonction est importante au cours de la marche calme et régulière et lors de la décélération (freinage) associée à la course et à la descente d'une pente. En station debout, dès que le corps commence à se pencher vers l'arrière (et que le centre de gravité se déplace trop loin), les fléchisseurs dorsaux attirent par voie réflexe la jambe (et donc le centre de gravité) vers l'avant sur les pieds fixés. Lors de la descente d'une pente, surtout si la surface est molle (sable, gravier ou neige), la flexion dorsale intervient pour « enfoncer » les talons.

Muscle tibial antérieur

Le tibial antérieur (m. jambier antérieur) est le plus médial et le plus superficiel des muscles fléchisseurs dorsaux ; c'est un muscle effilé appliqué sur la face latérale du tibia. Son long tendon apparaît vers le milieu de la jambe et descend le long de la face antérieure du tibia. Entouré de sa propre gaine synoviale, il passe à la face profonde des rétinaculums supérieur puis inférieur des extenseurs et s'insère ensuite sur le bord médial du pied. C'est le tendon le plus écarté de l'axe de l'articulation de la cheville, ce qui lui confère un avantage mécanique et en fait le plus puissant des fléchisseurs dorsaux. Bien que ce soient des antagonistes au niveau de l'articulation de la cheville, les muscles tibial antérieur et tibial postérieur (de la loge postérieure) franchissent tous les deux les articulations sous-talienne (sous-astragalienne) et transverse du tarse (médio-tarsienne) pour se fixer sur le bord médial du pied ; ils agissent donc en synergie dans l'inversion du pied.

Pour tester le muscle tibial antérieur, on demande au patient d'exécuter une flexion dorsale du pied contre résistance ou de soulever les talons ; si le muscle fonctionne normalement, son tendon peut être observé et palpé.

Muscle long extenseur des orteils

Le long extenseur des orteils (m. extenseur commun des orteils) (EDL) est le muscle le plus latéral de la loge antérieure de la jambe. Son insertion proximale se situe pour une petite partie sur le condyle latéral (tubérosité externe) du tibia et pour sa plus grande partie sur la face médiale de la fibula et la partie supérieure de la face antérieure de la membrane interosseuse. Le muscle devient tendineux au-dessus de la cheville ; ses quatre tendons s'insèrent sur les phalanges des quatre derniers orteils. Une gaine synoviale commune entoure les quatre tendons du muscle (et celui du muscle troisième fibulaire) à l'endroit où ils divergent sur la face dorsale du pied pour se diriger vers leurs insertions distales.

Chaque tendon s'élargit à la face dorsale de la phalange proximale pour former l'expansion de l'extenseur ; celle-ci se divise en deux languettes latérales et une languette centrale. La languette centrale s'insère sur la base de la phalange moyenne et les languettes latérales convergent et se réunissent pour s'insérer ensemble sur la base de la phalange distale.

Pour tester le muscle long extenseur des orteils, les quatre derniers orteils sont portés en flexion dorsale contre résistance ; si le muscle fonctionne normalement, on peut observer et palper les tendons.

Muscle troisième fibulaire

Le troisième fibulaire (m. péronier antérieur) est une partie séparée du muscle long extenseur des orteils avec lequel il partage la même gaine synoviale. Les deux muscles sont confondus au niveau de leurs insertions proximales. Distalement, par contre, le tendon du muscle troisième Fibulaire se sépare et, au lieu de s'insérer sur une phalange, il se Fixe sur la base du 5e os métatarsien. Bien qu'il participe (faiblement) à la flexion dorsale, le troisième Fibulaire agit également sur les articulations sous-talienne et transverse du tarse en contribuant à la pronation (éversion) du pied. Il jouerait un rôle proprioceptif spécial en décelant une soudaine inversion et en se contractant alors de façon réflexe pour protéger le ligament talo-Fibulaire antérieur, le ligament du corps le plus souvent impliqué dans une entorse. Le muscle troisième Fibulaire fait parfois défaut.

Muscle long extenseur de l'hallux

Le long extenseur de l'hallux (m. extenseur propre du gros orteil) est un muscle assez grêle et profondément situé au niveau de ses insertions proximales sur la partie moyenne de la Fibula et sur la membrane interosseuse, entre les muscles tibial antérieur et long extenseur des orteils. Il émerge superficiellement dans le tiers distal de la jambe et passe à la face profonde des rétinaculums des extenseurs. Il chemine ensuite distalement le long de la crête du dos du pied en direction du gros orteil.

Pour tester le muscle long extenseur de l'hallux, on demande au patient de porter le gros orteil en flexion dorsale contre résistance ; si le muscle fonctionne normalement, on peut observer et palper son tendon.